EDITO: Un sport en crise
[EDITO] Avec plus de trente nations engagées, les championnats du monde de Villars vont faire le plein. La présence des meilleurs skieurs du moment est un autre motif de satisfaction. Reste à la météo – peu optimiste à trois jours de l’ouverture – à se montrer clémente et tout sera parfait. Cela ne cachera pas pour autant les difficultés que connaît le ski-alpinisme, un sport en crise qui rêve de Jeux olympiques.
Premier constat, la désunion d’un sport déjà faible en effectif en regard des autres disciplines olympiques. Le divorce entre l’ISMF et la Grande Course est le révélateur d’un néfaste « chacun pour soi ». En cette semaine mondiale de mars, cela se traduit par la collision Villars-Pierra Menta. Malheureux et préjudiciable. La politique du « moi, je ne bouge pas », si elle perdure, est un cancer.
Deuxième constat, la fédération internationale, l’ISMF, ne fait plus l’unanimité. Fixée sur son objectif olympique, elle s’ouvre au monde à la vitesse supérieure. Bilan, sa récente manche de la Coupe du Monde en Chine a été un réel fiasco sportif. Quelques rares athlètes européens y sont allés glaner des points. Trois courses, aucune signification. C’est regrettable pour les organisateurs chinois qui ont, à en croire les participants, corrigé les erreurs de l’an dernier. Mais voilà, avec un panel de quelques petites dizaines de skieurs de très haut niveau et ses divisions, le ski-alpinisme est encore loin de l’Olympe. Hormis ses jeunes, l’avenir, l’an prochain, à Villars.
Troisième constat, les principales équipes présentes à Villars (Suisse, France et Italie), grandes nations du ski-alpinisme, ne seront pas en mesure de remplir leurs quotas de coureurs sur certaines épreuves. Les critères de sélection ont été voulus élevés, trop élevés. Conclusion de très bons athlètes ne seront pas à Villars. Ils seront dans le Beaufortain. Dans certain cas, ces sont les jeunes (20-25 ans) qui sont ainsi privés de perspectives. Cette rigueur est préjudiciable à la relève.
Mais elle témoigne aussi d’un certain mépris pour les organisateurs. Elle est aussi un manque de respect envers les « petites » nations pour qui le championnat du monde est un couronnement. Se frotter à l’élite est l’aboutissement d’un rêve pour leurs athlètes. Reste enfin les spectateurs qui suivraient plus volontiers des courses riches en coureurs, en particulier de haut niveau.
Le 16 mars prochain, au terme du relais, une prise de conscience s’imposera. Pour le bien du ski-alpinisme. Dans l’immédiat, et avec les acteurs retenus, que la fête soit belle !
Claude Défago