ISMF: Un classement au point
[COUPE DU MONDE] Modifié cette saison, le système de points de l’ISMF accorde plus d’importance aux «viennent-ensuite». Une nécessité qui s’explique.
Réunis au début des années 2010, les dirigeants de la fédération internationale de ski-alpinisme ont dessiné les contours du système de points actuellement en vigueur. À savoir qu’un athlète doit disputer au moins trois compétitions dans une discipline pour figurer dans le classement à la fin de la saison.
«Il fallait leur donner de la légitimité», argumente Roberto Cavallo, manager général et des événements de l’ISMF.
Présent depuis plusieurs années sur le circuit, Aurélien Gay valide les propos de l’Italien. «En 2018, l’ISMF n’a pas pu établir de classements en raison du grand nombre d’annulations. C’est dommage».
Une situation qui ne devrait plus se reproduire à l’avenir. L’ISMF s’est désormais dotée d’un calendrier de cinq Coupes du Monde, alliant les trois disciplines du sprint, de la verticale et de l’individuel.
«Remporter une Coupe du Monde sur trois épreuves est forcément plus difficile. Un petit pépin est vite arrivé, surtout dans la discipline du sprint», raconte Marianne Fatton, vainqueur du classement général dames.
La pérennité du système passe par le nombre. «Ainsi, la régularité et la polyvalence sont mises en avant», estime la Neuchâteloise.
À chaque saison son objectif ?
Que ce soit pour se motiver à l’entraînement ou simplement pour les impératifs des sponsors, la fixation d’objectifs découle du nouveau système. «Je suis obligée pour les sponsors, mais dans ma tête, je n’aime pas», explique Marianne Fatton. «La forme varie tout le temps et il est difficile d’arriver dans une bonne condition au bon moment».
Le Valaisan Aurélien Gay adapte lui ses ambitions à la forme du jour J. «Il y a toujours quelque chose que je veux faire», glisse-t-il. «Mais je ne dis jamais que j’ai loupé la saison si j’ai manqué une place».
Un but pour la tête et le porte-monnaie
Une performance à côté de la plaque, un jour «sans», aucun champion n’est à l’abri. L’important est de savoir rebondir. «De chaque expérience, il y a un truc à en retirer. Positivement, comme négativement. Nous pouvons toujours essayer de s’améliorer», conte Aurélien Gay du Levron (VS), dont le classement n’est pas une formalité.
«J’ai néanmoins besoin de bons classements pour obtenir des rémunérations de l’ISMF à la fin de la saison et par les sponsors privés», poursuit-il. «Le Club Alpin Suisse donne aussi quelque chose». Là, il s’agit d’une rémunération fixe.
«J’ai toujours des attentes inconscientes», explique pour sa part Marianne Fatton. «Lorsque je suis très loin de ce que j’étais capable, je m’en remets rapidement. Mais je me mets forcément une pression, car c’est un sport dont il est difficile d’en vivre». La skieuse neuchâteloise a passé cette année un contrat avec la marque Skitrab.
Jusqu’aux seniors néanmoins, les primes ne sont pas fixées. Ce sont les courses qui décident. À l’image du tennis, la parité homme-femme fait foi. Le premier empoche 1 100 euros, le second 825, le troisième 775 lors d’une manche de Coupe du Monde. «Je suis contente qu'il n'y ait pas de différence. Aux Jeux olympiques, il n’y a pas de demi-médaille d’or». L’art de la formule.
Quant à Aurélien Gay, il profite d’être membre du Mountain Performance, structure dans laquelle le comité délivre des soutiens financiers à ses meilleurs représentants.
Nouveau système, pleine satisfaction
La demande d’un changement du système de points émane principalement des athlètes. «Nous avons suivi leur décision», raconte Roberto Cavallo. Espoirs et élites sont classés au même titre. Une décision logique pour Aurélien Gay. «Cela permet un nivellement vers le haut. Les espoirs ont un niveau compétitif. Ils l’ont encore montré cette année».
L'automne dernier, les discussions entre l’ISMF et La Grande Course ont abouti à l’introduction d’un championnat du monde longue distance une fois par année et à la possibilité de donner des points pour le classement général ISMF à des épreuves de La Grande Course. Cette saison, la Patrouille des Glaciers aurait accueilli ces Mondiaux.
Le nombre de courses minimum pour être classé devrait lui rester inchangé. Tout le monde semble y trouver son compte.
SkiMo
Photo: Maurizio Torri / ISMF