[INTERVIEW] Le citoyen de Vercorin (VS) au passeport belge était avec l'équipe de Suisse à Zermatt pour reprendre contact avec les skis. Auteur d'une progression régulière depuis son arrivée sur le circuit, Maximilien Drion s'apprête à faire le grand saut chez les élites.
À 23 ans, Maximilien Drion s'est déjà fait un nom dans le monde du ski-alpinisme. D'abord, l'étudiant à l'Université de Lausanne court sous drapeau belge, un fait relativement rare pour être souligné. Ensuite, le polyvalent athlète coaché par Yannick Ecoeur, retraité du Swiss Team, n'a eu cesse de passer les caps les uns après les autres et d'obtenir des résultats pertinents dans chaque catégorie.
"Dans ma tête, c'est très structuré. Depuis que je suis tout petit, je ne me voyais pas déjà atteindre le meilleur niveau à 20 ans", confie Maximilien, les derniers rayons de l'après-midi caressant son visage réjoui. "Je m'investis pour le sport, comme pour les études. Je n'aime pas faire les choses à moitié. Si je pense que j'ai une chance d'obtenir de meilleurs résultats dans le sport, je vais tout investir là-dedans. C'est ma philosophie".
Un discours payant puisque cette saison, Maximilien prendra le départ de sa première Coupe du Monde en élites en Italie au mois de décembre. "En général, nous planifions notre préparation en fonction d'objectifs. En avoir est donc important", estime le jeune Bruxellois d'origine. "Dans le contexte actuel, il y a toujours une part de doute. Là, je quitte les espoirs et je me retrouve chez les élites. Cela est différent, même si les parcours restent identiques. Atteindre une médaille sera forcément plus difficile. Je fais confiance à Yannick Ecoeur avec qui je collabore maintenant".
La Suisse lui a ouvert les portes
Arrivé en Suisse en 2008, Maximilien Drion a, l'année suivante, réalisé ses premières séances de ski-alpinisme. Les résultats n'ont pas tardé à venir. Une victoire au Trophée du Mont Lachaux à Crans-Montana (VS) suivi d'autres performances de marque à l'échelle régionale lui ont permis d'être contacté par l'équipe nationale de Belgique et de participer à ses premiers championnats du monde. Membre du Mountain Performance depuis 2014, Maximilien obtient sa première médaille internationale aux Européens cadets 2014 à Andorre. Troisième, il devançait à l'époque Julien Ançay d'une seconde.
La progression du désormais double national continue de faire parler jusqu'au Plat Pays. "Quand on obtient des tops 10 en Coupe du Monde à 20 ans, on se dit qu'on peut rêver d'encore mieux à 25 ans", considère Maximilien. "Je ne me mets pas de pression. Je prends les saisons les unes après les autres et je suis sûr que j'aurai un jour les résultats auxquels j'aspire". L'homme, étudiant en économie, connaît la régularité dans sa progression. Pas question de brûler le moteur. "Augmenter les durées et les distances est quelque chose que j'ai toujours pris en compte dans ma préparation. J'aimerais arriver au top de mes performances à 25 ans et pouvoir les tenir le plus longtemps possible jusqu'à 35, 40 ans".
À Zermatt (VS), comme lors des précédentes saisons, Maximilien Drion a pu s'immiscer dans le camp helvétique pour peaufiner les détails d'une nouvelle saison. "Je cours pour la Belgique, mais souvent, l'équipe de Suisse est sympa: elle me prend avec elle sur les Coupes du Monde, moyennant un arrangement privé. Profiter de leur expérience, de leur sympathie rend les journées beaucoup plus agréables", raconte-t-il.
D'ailleurs, le vainqueur du Trail du Besso (VS), sait tirer parti de l'hétérogénéité du Swiss Team. "En plus d'être hyper-talentueux sur les skis, ils sont aussi hyper-sympathiques. Pouvoir partager et apprendre à leurs côtés sont des choses que j'apprécie vraiment", lâche-t-il. "Je les vois plus comme une bonne bande de copains, qui s'apprécient et qui s'entraînent ensemble".
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Courir jusqu'à la mort
Et Maximilien Drion, qui conjugue course à pied et ski-alpinisme, sans négliger ses études académiques, veut durer. À l'exemple de son mentor Yannick Ecoeur ou d'un César Costa, ancien membre, comme lui, du BCVs Mount Asics Team, le Belge a des ambitions sur les skis qu'il espère concrétiser. "Le côté sportif est important pour moi. C'est un peu triste, mais quand je n'ai pas de bonnes sensations à l'entraînement, je ne suis pas toujours de très bonne humeur", relate-t-il. "J'aime bien avoir quelque chose à côté comme les études pour changer d'esprit, pour voir les copains. Une année réussie, c'est une année où j'ai atteint, voire dépasser mes objectifs, soit réussir mon année à l'université ou atteindre des résultats qui me satisfont en ski-alpinisme".
Lucide, le néo-élite a conscience que le seul résultat ne compte pas dans le microcosme des sports d'endurance. "Avant l'aspect compétition, je mets quand même devant la passion", assure "Max". "J'espère pouvoir l'entretenir jusqu'à la fin de mes jours. Je ne me vois pas mettre un terme à ma carrière. C'est un terme qui ne me plaît pas. Je n'ai que 23 ans, mais je me vois faire du sport toute ma vie. Je ne me vois pas arrêter la compétition un jour".
SkiMo
Photos: Facebook & Instagram @maximiliendrion